Au castel familial de Montreuil Bellay, Lina a retrouvé les notes et parchemins de sa mère concernant les plantes médicinales qu’elle étudie. Cet après-midi là, la jeune femme à la chevelure noire comme corbeau est dans l’herboristerie où elle effectue l’inventaire de tous les bocaux et de leur contenu.
Elle plisse le nez qu’elle a court, fronce ses sourcils particulièrement arqués, souffle, soupire et travaille d’arrache-pied.
C’est d’autant plus difficile que les pots ne portent aucun nom de plante, juste son dessin. A croire que les médicastres ne veulent surtout pas qu’on puisse se soigner en se passant de leurs connaissances.
Pour chaque pot, Lina doit reconnaître le dessin illustrant le pot, le trouver dans les parchemins de sa mère afin d’en déterminer le nom. Il faudrait qu’elle demande de l’aide à un médicastre ou un apothicaire saumurois, peut-être.
Quand elle connaîtra mieux les gens.
Elle en est là de ses réflexions et labeur quand Hélix, dame de compagnie de feue sa mère et par suite naturelle de Lina, entre avec un plateau sur lequel est posé une missive.
« ‘Moiselle, ça vient de la part d’une dame que j’ai un peu connu du temps d’avant, Dame de Charnée – Chandos, Patity comme elle s’appelait aut’fois. »
Lina, entendant ce nom, tourne instinctivement son regard vers le pot de Brassica negra, ou moutarde qu’elle a inventorié la veille. Il n’y en a plus…
Puis elle secoue sa coiffure toute de tresses emberlificotées dont s’échappent quelques mèches indociles.
« Ah oui ? J’espère que c’est là bonne nouvelle »
Prestement, même très rapidement, elle arrache le scel et lit à toute vitesse.
« Tiens… je suis invitée à « une petite collation privée » le jour qu’il me plaira… Eh bien, pourquoi pas ce jour ?
- Bin ça s’fait pas, enfin… Faut s’annoncer !
- Mais je vais m’annoncer, ma bonne Hélix, quand je serai au guichet de l’entrant.»
Dans un grand éclat de rire, Lina court se changer. Pendant ce temps, Hélix se demande bien ce qui la fait se presser autant…
Un peu plus tard, Lina arrive chez les Charnée – Chandos le cœur en fête. Elle aime bien la sœur de sa protectrice, Dame Kilia, et c’est là occasion de mieux la connaître.
Elle se présente à l’entrant et s’annonce à un valet présent en lui tendant le Billet de Dame Patity :
« Je suis Lina de Lion d’Angers, attendue par votre maîtresse à l’heure qu’il me plaira. Il me sit que ce soit ce jour d’huy. Annoncez-moi. »
Le valet parti, elle attend patiemment… et elle se ramentevoit le baiser vassalique – pouah… ! parfumé à l’ail, quelle horreur – du duc en espérant de tout son cœur ne pas le croiser.
Accueil 
Rechercher 
Dernières images 
S'enregistrer 
Connexion 