Alertée par un laquais, une vieille dame aux cheveux de neige, imposante encore tant par sa stature que par son bon sourire, arrive en trombe à sa façon peu conventionnelle. La vieille tient ses mains serrées, croise et décroise nerveusement les doigts.
Elle s’arrête brusquement, regardant l’amazone sauter allègrement de sa monture. Elle se fige et des larmes coulent sur ses joues.
Dans un élan instinctif, elle s’en vient serrer sur son cœur la damoiselle.
« Vramy, c’est toi !!! Mais j’ai failli mourir quand je reçus la missive de l’homme de loi là-bas en Normandie. Vivante !!! Tu es vivante ! Je savais pas ce que tu étais devenue. Ma toute petite, ma Lina que j’ai serrée dans mes bras tout là-bas en Auvergne. Auvergne de malheur. Auvergne de tous nos malheurs.
Montre-toi ! »
Hélix tend les bras pour éloigner d’elle Lina et la mange des yeux.
« Tout le portrait de ton père ! Vramy ! Nenni, la bouche, les pommettes et le regard… tout Arté, ça ! Comme tu leur ressembles. La tignasse du baron, la noirceur de ses yeux, sa stature un peu roide. C’est pas Aristote possible !!! »
Elle l’embrasse et la touche et Lina, au début réservée et quelque peu sur la défensive, se laisse câliner par celle qui aima sa mère.
"Viens vite, entrons, viens manger et boire, viens que je m'occupe de toi et que je te fasse tout visiter et montrer les tableaux. Tu verras comme elle était belle, mon Arté. Hum... Ton père, on peut pas le qualifier de beau, non : de l'allure, mais pas vraiment beau... Viens que je te montre ta maison. Je sais que tu dois repartir en Champagne préparer ton déménagement et tout sera prêt quand tu reviendras. Viens ma Lina."