Endeuillée

L’équipage arriva aux portes de Montreuil Bellay dans le plus grand silence. Hélix sortit de la voiture, le dos voûté, les yeux gonflés. Toutes les personnes qui avaient suivi Arté au castel de Malpertuis où la baronne se faisait une telle joie de préparer les Menus Plaisirs des noces royales, toutes les personnes qui la connaissaient depuis longtemps maintenant était fort enchifrenés.
Hélix rejoignit sa cuisine, prit une plume et se força à écrire au baron. Elle n’avait pas le courage de l’affronter.

Citation :

Messire,
Aristote donne et Aristote reprend. J’ai point le courage de vous annoncer la terrible nouvelle, ni courage, ni force.
Je m’en vais retourner en Normandie, partager le chagrin du baron et de la baronne de Coulonces, les parents d’Arté.
J’ai dû beaucoup bataillé ferme et dit que vous tueriez le premier qui s’opposerait à ma volonté de ramener la dépouille d’Arté ici même, près de vous.
Vous savez à quel point elle vous aimait. Le seul lieu qui pourrait lui convenir pour reposer en paix serait le jardin, sous le chèvrefeuille.
Ce serait une consolation.
Je vous souhaite d’affronter la nouvelle avec courage et dignité, comme vous savez si bien le faire. Je m’en retourne. Je vous laisse tout ce qui était à elle, puisque bien sûr, pour elle, c’était à vous.
Hélix.

Elle alla déposer cette missive sur le bureau de Messire Grakovic, puis fit son baluchon et sortit discrètement par une porte dérobée. La seule chose qu’elle prit en partant, ce fut la jument d’Arté, Tornade, qui l’a ramènerait en Normandie.